Qui est Jocelyn Dessigny ? Député de la 5e circonscription de l’Aisne
Depuis sa victoire aux dernières élections législatives en juin dernier, le successeur de Jacques Krabal, Jocelyn Dessigny, 41 ans, est investi pleinement dans sa nouvelle fonction de député de la Ve circonscription de l’Aisne, qui correspond à Villers-Cotterêts, Château-Thierry et une partie du Soissonnais. Son score de 62,41% au 2e tour est « une véritable marque de confiance », mais c’est un vote qui l’oblige à agir « dans l’intérêt général ». Le nouveau député a accepté de répondre à nos questions.
Autant – Tout d’abord, pourriez-vous vous présenter ?
Jocelyn Dessigny – Je suis issu d’une formation commerciale, j’ai obtenu un BTS Force de vente. Pendant 10 ans, j’ai été à mon compte, j’ai ensuite intégré le monde de l’emploi en tant que Chargé d’affaires chez Manpower à Soissons. Par la suite, j’ai repris l’agence Synergie toujours à Soissons. Politiquement, je me suis engagé, très jeune, puisque je suis militant depuis l’âge de 14 ans. J’ai adhéré au Front National en 2001, et j’ai fait la campagne de Jean-Marie Le Pen pour les Présidentielles de 2002. En 2009, je suis arrivé à Villers-Cotterêts et je me suis impliqué au côté du maire Franck Briffaut. En 2014, j’ai été élu au poste d’adjoint aux élections municipales et je suis passé premier adjoint en 2020. L’année dernière, j’ai décidé de me présenter aux élections législatives et j’ai été élu avec 62,41% de votes en ma faveur.
Autant – Concrètement, comment se passe la journée type d’un député à l’Assemblée nationale ?
JD – C’est plutôt une semaine type. Le lundi matin, je suis à la permanence à Villers-Cotterêts pour des rendez-vous avec des associations, des élus, des entreprises, des organismes d’État, comme la préfecture, les services de l’eau et de l’énergie. Le lundi après-midi, je vais à Paris pour l’ouverture à 16 h de la semaine parlementaire. Du lundi 16h jusqu’au jeudi minuit, je suis à l’Assemblée nationale. Le vendredi, je remonte dans ma circonscription et cette journée me permet de faire des permanences itinérantes sur le territoire où je rencontre les élus et les citoyens qui souhaitent m’interpeller sur différents dossiers personnels ou locaux. Et le week-end en général, je participe aux manifestations sportives et culturelles ainsi qu’aux commémorations.
Autant – Être député de l’Aisne, qu’est-ce que cela implique ?
JD – Nous sommes dans un territoire qui est beaucoup plus rural, avec des enjeux agricoles et viticoles plus importants que dans d’autres territoires. Et puis, ma circonscription regroupe 224 communes avec beaucoup de villages qui ne dépassent pas les 500 habitants, donc il faut savoir répondre à toutes ces problématiques.
Autant – Quel regard portez-vous sur la redevance incitative mise en place par la Communauté d’Agglomération de le Région de Château-Thierry (CARCT) et les polémiques qu’elle suscite ?
JD – Le traitement des déchets, c’est une problématique importante sur laquelle je me suis positionné, et c’est un sujet qui me tient à cœur. En effet, je suis vice-président du groupe d’études sur les déchets, l’économie circulaire et de l’économie verte. Et la première observation que je fais, c’est que nous générons beaucoup trop de déchets en France : environ 533 kilos par habitant et par an, dont la moitié n’est pas recyclée. Des mesures ont été mises en place pour faire changer ces habitudes et arriver à un recyclage beaucoup plus important. La politique adoptée par la CARCT sur ce sujet est la bonne, mais ce que je peux leur reprocher, c’est qu’on modifie des dispositifs, on retire une partie des services, on oblige les contribuables à une certaine contrainte, mais en contrepartie, il n’y a pas de baisse des tarifs, voire même une hausse…
Autant – Que préconisez-vous pour lutter contre cette hausse des tarifs ?
JD – L’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), qui est un organisme d’État, est censé accompagner sur demande les collectivités qui modifient leur système. Et il y a une possibilité de faire une demande auprès de cet organisme pour une aide ponctuelle financière de manière à accompagner les collectivités pendant cette période de transition. Je vais voir prochainement avec la CARCT pour m’assurer qu’ils ont bien pris contact avec l’ADEME. Mais je mets en garde l’agglo de Château-Thierry pour ne pas faire la même erreur qu’à Villers-Cotterets où après être passé de la taxe à la redevance, le président de la communauté de communes a décidé de faire marche arrière et de revenir sur un système mixte entre le TEOM et la REOM, et ça crée forcément un flou.
Autant – L’Aisne est l’un des départements concentrant un nombre important d’éoliennes. Quelle est votre position sur ce sujet ?
JD – S’il apportait une solution aux problèmes énergétiques et à l’augmentation de la consommation d’électricité, j’y serais favorable. Mais force est de constater que ce n’est pas le cas, l’exemple de Fessenheim est frappant. La centrale a été fermée alors qu’elle fournissait l’équivalent de 3.000 éoliennes. Dans mon département de l’Aisne, on compte plus de 500 éoliennes qui ont vu le jour ces dernières années. Ça n’en finit plus ! Je suis contre l’extension de nouveaux programmes d’éoliennes dans le département et dans le Sud de l’Aisne. Je pense qu’il faut organiser des référendums locaux pour que les gens décident s’ils veulent des éoliennes à côté de chez eux. Ce sont les habitants installés sur un territoire qui doivent pouvoir décider. Le peuple doit être souverain sur un certain nombre de questions ; l’éolien en fait partie. C’est une énergie alternative, elle ne se suffit pas à elle-même. Par ailleurs, je réfléchis à une demande de commission d’enquête parlementaire sur le financement de l’éolien, les lobbyistes sont très puissants.
Autant – La Quinzaine de l’égalité des droits vient de se terminer sur le territoire. Quel est votre avis sur la question de l’égalité hommes/femmes ?
JD – Pour moi, il n’y a pas de sujet, un homme et une femme doivent être traités de la même manière dans toutes les circonstances. C’est quelque chose que j’ai du mal à comprendre, car je n’ai jamais observé à mon niveau des différences établies entre les salaires des hommes et des femmes. Mais je ne comprends pas, faudrait m’expliquer pourquoi une femme devrait être payée moins qu’un homme pour le même travail.
Autant – Concernant la prison de Château-Thierry, qu’en est-il de sa rénovation ?
JD – Après l’avoir interpellé à plusieurs reprises, le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti m’a confirmé très récemment la rénovation du centre pénitencier pour un coût total de 20 millions d’euros. Au-delà de la modernisation des lieux, cette enveloppe permettra notamment une meilleure prise en charge du suivi médical des détenus, de même qu’une amélioration de l’espace de vie des surveillants.
Les autres sujets en bref Sur la situation de la police nationale à Château-Thierry, Jocelyn Dessigny confirme « qu’au niveau des effectifs, c’est désormais satisfaisant, mais ce qui importe, c’est ensuite la réponse pénale de la part des magistrats ». Sur la pertinence de la Communauté de Communes d’Oulchy-le-Château, « ce sont aux élus d’en décider ». Ajoutons que le Rassemblement national est davantage attaché à la commune, au département, et bien sûr à l’État. « Mais l’intercommunalité peut se justifier quand il s’agit de mutualiser des moyens entre communes », ajoute Jocelyn Dessigny. Enfin, sur le dispositif Petites villes de demain, « je remarque surtout que l’État s’est beaucoup désengagé des territoires ». Et dans ce même domaine, le député remarque que les maisons France Services ont des limites : « les sites web mis en place par l’État ne sont pas adaptés à tous les usagers ».
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