Diplômé des études supérieures de l’École du Louvre en muséologie après des études de droit, Nicolas Rousseau a travaillé dans les Hauts-de-Seine à Puteaux puis Courbevoie, et est passé par les Yvelines en tant que directeur des affaires culturelles de Versailles. Entré au Centre des Monuments nationaux pour gérer les châteaux de Pierrefonds et Coucy, puis les châteaux de Champs-sur-Marne et la Motte-Tilly, il est nommé en juillet 2020 directeur des affaires culturelles de la ville et directeur du pôle muséal de la CARCT et de la ville de Château-Thierry regroupant le musée du Trésor de l’Hôtel-Dieu, le musée Jean de La Fontaine, la Maison de Camille et Paul Claudel et le musée de la Mémoire de Belleau. À l’aube de la nouvelle saison qui commence, il accepté de faire le point sur l’actualité culturelle.

Autant – Pourquoi avoir choisi Chateau-Thierry pour occuper ce poste ?

Nicolas Rousseau – J’ai choisi Château-Thierry pour la qualité de ses projets culturels et son ambition légitime de ville de la culture. Mais je dois ajouter que je suis issu d’une famille champenoise, née à Reims et que le bastion familial est à Sézanne. Ces circonstances font que je me sens un peu chez moi à Château-Thierry où nous allons souvent en famille visiter ses beaux musées. 

Autant – Quelles sont les actions principales entreprises depuis votre arrivée ?

NR – Il y en a 2 qui me viennent en tête. L’une des plus marquantes était de répondre aux attentes du public et des élus pour l’anniversaire des 400 ans de Jean de La Fontaine en 2021. Cet évènement a été une magnifique occasion de s’intéresser à l’histoire de la cité castelle, à son identité, sa situation géographique justifiant sa fierté et sa revendication légitime d’être la cité des “Portes de la Champagne”. Il faut comprendre que cette commémoration de l’anniversaire d’un écrivain né à Château-Thierry et dont les écrits sont connus dans le monde entier, a eu une portée nationale et internationale plaçant la cité poétique au cœur de l’événement. Et puis, l’autre événement marquant c’est l’opération technique très particulière en 2022, qui est le fait de vider complètement le musée Jean de La Fontaine de ses collections afin que les travaux de réfection puissent commencer.

Autant – Où en est-on des travaux au Musée Jean de La Fontaine ?

NR – Nous attendons le calendrier exact de la part des Architectes en Chef des Monuments Historiques (ACMH), mais ce que l’on sait déjà, c’est qu’il y a 2 mois de période de curage et de désamiantage qui ont commencé il y a quelques semaines. Puis à partir de juin, les travaux commenceront véritablement et dureront 2 ans et demi, donc une réouverture possible pour la rentrée 2025.

Autant – Parlez-nous de la métamorphose de ce musée.

NR – Aujourd’hui, le musée Jean de La Fontaine se prépare. Nous prévoyons une nouvelle entrée pour les visiteurs, une nouvelle boutique, des conditions d’accueil nettement améliorées pour tous, qu’il s’agisse du simple visiteur ou d’un groupe, de familles ou de scolaires, le souci de la municipalité étant d’améliorer la qualité de la visite. Mais tout cela sera accompagné d’une réorganisation des collections, d’une nouvelle présentation plus attractive, rendant le musée plus vivant, créant ainsi une sorte de liaison entre l’époque où Jean de La Fontaine a vécu et notre époque avec tous les moyens modernes de présentation des œuvres d’un musée qui se veut à la page. Jean de La Fontaine le mérite bien.

Autant – Le Musée du Trésor de l’Hôtel-Dieu est également en pleine mutation. Que pouvez-vous nous dire sur ce sujet ?

NR – La Communauté d’Agglomération a engagé d’importants travaux de rénovation et de restauration à l’Hôtel-Dieu. Sa rénovation s’inscrit dans les grands enjeux du territoire que sont la mise en valeur du patrimoine, le dynamisme touristique et le développement des zones rurales. L’enveloppe globale pour la restauration de l’Hôtel-Dieu et sa réhabilitation a été évaluée à 7,5 millions d’euros.Outre la valeur historique et architecturale de l’édifice, ses 18 salles, accessibles aujourd’hui seulement sur réservation, renferment une abondante collection accumulée depuis sa fondation initiale en 1304. Réparties sur 1  500  m2, ce sont 1  300 œuvres d’art (orfèvrerie, peintures, broderies, collections médicales) dont une douzaine d’objets classés monuments historiques, qui constituent un ensemble riche et cohérent. Un trésor inestimable qui ne demande qu’à être mis en valeur. L’animation de l’Hôtel-Dieu, une fois sa rénovation achevée, participera de manière structurante à la revitalisation du centre-ville de Château-Thierry ainsi qu’à l’ensemble du territoire de l’agglomération.

Autant – Quels sont les projets que vous avez pour ce musée ?

NR – L’Hôtel-Dieu est tellement grand qu’on ne peut faire que des visites guidées. J’ai trouvé judicieux de doubler la proposition de visites par jour, il y en a donc une le matin et une l’après-midi. Nous travaillons également à un principe de visite libre qui nécessite la surveillance d’une personne de l’équipe en projetant de n’ouvrir que les 4 grandes salles, en un temps limité avec un document de visite adapté.

Autant – Concernant la Maison Camille et Paul Claudel, quelle est la spécificité de ce musée qui en fait l’un des joyaux de notre territoire ?

NR – Le rez-de-chaussée est consacré à Camille Claudel et à son œuvre. Il en est de même au premier étage avec Paul Claudel. Cette maison a été un véritable ancrage pour les frères et sœurs. À cause du métier de leur père, ils ont dû régulièrement déménagé, mais ils revenaient toujours à Villeneuve-sur-Fère. Ils y ont d’ailleurs, tous les deux, puisé l’inspiration. Les gens nous disent souvent qu’ils trouvent que la maison a une âme particulière. On y retrouve l’âme des deux artistes.

Autant – Que prévoyez-vous à l’approche du 160e anniversaire de Camille Claudel en 2024 ?

NR – Prochainement, il y aura l’inauguration du Buste de Ferdinand de Massary, combinée avec l’inauguration de l’exposition des photos d’œuvres de Camille Claudel choisies parmi les collections du musée Camille Claudel de Nogent sur Seine dans le jardin de la maison.

Autant – Quelles sont les nouveautés prévues pour le Musée de la Mémoire de Belleau ?

NR – Il y a deux expositions temporaires par an et cette année, il y aura “les Amérindiens pendant la Grande Guerre”, du 8 mai au 11 septembre, et les photographies de la Grande Guerre par Béatrice Dahm, du 15 septembre au 11 novembre. Pour le Mémorial Day, le dimanche 28 mai prochain, le musée sera ouvert en continu de 10h30 à 17h.

Autant – Dernière question, comment rendre un espace muséal attractif ?

NR – Ce qui m’intéresse le plus dans ce métier, comme dans tous les autres postes où j’ai travaillé, c’est de proposer des animations en adéquation avec les attentes des visiteurs et en tenant compte également de l’évolution des goûts. C’est également casser certains codes parfois pesants, notamment le fait qu’un musée est forcément un lieu ennuyeux, il faut absolument qu’un musée puisse présenter une image renouvelée. Un musée doit être un lieu qui présente des événements permettant d’attirer l’attention de visiteurs qui n’ont pas l’habitude de s’y rendre.

A venir : Nuit des musées – Samedi 13 mai

Musée du Trésor de l’Hôtel Dieu de 18h30 à 21h

En partenariat avec l’association Arts et Histoires et ses bénévoles, un parcours musical et chorégraphié sera présenté par l’ensemble Amalgammes à 18h30 et 20h30. L’évènement est gratuit, mais les places sont limitées.

Maison Camille et Paul Claudel de 19h à 21h

Venez à la rencontre du duo Leï, chanteuses de polyphonies, et laissez-vous guider dans les pièces de la Maison, au son de leurs voix et de leurs mélodies. Une ambiance inédite qui aurait sans doute plu à Camille et Paul Claudel. La Maison sera également ouverte à la visite libre.