Face à la crise du marché automobile en Europe, NTN Transmissions Europe engage une profonde restructuration de ses sites s’appuyant sur une réorganisation industrielle qui entraînera une réduction des effectifs, notamment à Crézancy. Antoine Selosse, directeur du site de Crézancy a convié la presse le 4 février, date de la présentation détaillée de ce projet aux instances représentatives du personnel, pour un exposé de la situation, la présentation du plan et les incidences à Crézancy.

Le 29 janvier 2025, la direction de NTN Transmissions Europe a annoncé un plan de transformation majeur. L’objectif est double : adapter l’entreprise aux mutations du marché automobile et assurer son retour à l’équilibre financier d’ici 2027. Cette restructuration, qui concerne les sites d’Allonnes (Sarthe), de Crézancy (Aisne) et de Sibiu (Roumanie), implique une refonte des stratégies industrielles et commerciales et une réduction des effectifs. Depuis plusieurs années, le secteur automobile européen traverse une crise structurelle. Entre 2019 et 2023, la production de véhicules a chuté de 20% et devrait stagner à 18 millions d’unités par an, bien loin des 22 millions de 2017. Ce déclin s’explique par plusieurs facteurs : électrification accélérée, évolutions des usages liés aux mobilités et montée en puissance des constructeurs chinois.

Dans ce contexte, NTN Transmissions Europe fait face à une surcapacité de production estimée à 25%. La concurrence accrue et la pression des clients sur les prix rendent la situation encore plus complexe. Depuis 15 ans, l’actionnaire principal, le groupe japonais NTN, soutient financièrement sa filiale européenne, mais il conditionne désormais un nouvel investissement de 20 millions d’euros à un retour impératif à l’équilibre d’ici trois ans. Face à cette réalité, la direction a élaboré un projet de restructuration visant à optimiser ses sites européens. À Allonnes, l’usine mère bénéficiera d’un programme de modernisation pour améliorer son excellence opérationnelle et se spécialiser dans les produits à forte valeur ajoutée. Crézancy, qui fournit principalement Allonnes et Sibiu, recentrera son activité sur son savoir-faire exceptionnel dans la forge de certains composants tout en s’ouvrant à d’autres secteurs industriels. Un volet commercial et marketing renforcé accompagnera cette transition, notamment pour attirer de nouveaux clients hors du secteur automobile. En parallèle, la politique d’achats sera repensée pour améliorer la compétitivité et réduire les coûts de production. Mais cette transformation a un coût social. La mise en œuvre du plan entraînera la suppression de 158 postes, dont 31 à Crézancy. Un plan de Sauvegarde de l’Emploi sera mis en place pour accompagner les salariés concernés, avec des mesures de reclassement et de formation.

La direction assure vouloir limiter l’impact humain en privilégiant le dialogue social. Les syndicats, eux, expriment déjà leur inquiétude. Si la direction affirme que cette restructuration vise à garantir un avenir pérenne aux sites français, les représentants du personnel craignent que ces décisions ne fragilisent encore davantage l’emploi local. Ils s’inquiètent aussi des conséquences d’une possible délocalisation accrue de certaines productions vers l’Europe de l’Est ou l’Asie. Alors que l’avenir du marché automobile reste incertain, cette réorganisation constitue un pari risqué. Pour Crézancy, elle représente à la fois une opportunité de diversification et une menace pour l’emploi. L’enjeu est désormais de trouver un équilibre entre compétitivité et maintien de l’activité en France.

Malgré les défis, le site de Crézancy est reconnu pour son esprit familial et la qualité du dialogue entre direction et employés. Tous s’accordent à préserver cette ambiance conviviale qui fait la force de l’entreprise.

Créé en 1918 au Japon, NTN est un fabricant de précision spécialisé dans la recherche, le développement, la fabrication et la vente de roulements et de joints de transmission dans le monde. Le groupe est n°3 mondial en roulements et n°2 en Transmissions, l’industrie automobile représentant 65% de son activité.