La majorité des commerçants de la rue Carnot, dans le centre-ville de Château-Thierry, n’en peut plus. Même si nous l’avions déjà évoqué il y a quelques années, la situation s’est empirée et la rue est devenue le théâtre quotidien de la délinquance : vols, vente de stupéfiants, vitrines cassées, agressions verbales et physiques. Les riverains et commerçants sont lassés de cette ambiance délétère et le font savoir.

Les bandes changent au fil des mois. « En ce moment, depuis le mois de juin, ce sont des mineurs qui arrivent en haut de la rue, chaque soir, à partir de 17h30 », raconte une commerçante, « Souvent, ils sont une quinzaine et agressent nos clients. Conséquence : la clientèle vient moins dans notre rue » souligne-t-elle exaspérée. D’autres vendent de la drogue au vu et su de tout le monde. « Un jour j’ai assisté à une transaction qui se passait mal. Le dealer et l’acheteur commençaient à se battre. Il était 18h et je fermais boutique, j’avais peur de sortir. Le temps que j’appelle la police ils étaient partis. C’est en permanence le jeu du chat et de la souris. Je vois bien que cette situation est insoluble » explique un autre commerçant. Certains regrettent l’insalubrité de la rue, « Quand on arrive le matin, les trottoirs sont très sales. On trouve parfois des mégots de joints, des canettes, du vomi, voire des seringues. Sans parler de l’urine sur les devantures ». Du côté des riverains, la situation se dégrade aussi, « Mon frère loue un appartement en Airbnb. C’est son gagne pain. Aujourd’hui il le loue moins facilement, les commentaires sont négatifs, les hôtes s’en vont », commente l’un. Certains appartements des immeubles voisins sont vides, « Une locataire est restée à peine un mois et les propriétaires n’arrivent pas à relouer », ajoute un autre. Une réunion s’est tenue avec la police nationale et la Ville, « elle fut inefficace, raconte cette autre commerçante. Nous n’avons pas eu la sensation d’être entendus. Côté police, on sait qu’il y a un problème d’effectifs et que les patrouilles la nuit sont insuffisantes ». Luc Laratte, président de l’Union Industrielle du Sud de l’Aisne soutient les commerçants castels :  « nous sommes bien évidemment à leur côté pour toutes les actions qu’ils entreprendront. Il est primordial que les pouvoirs publics prennent les choses en main en se réunissant autour d’une table pour apporter des réponses concrètes aux commerçants ». Dernièrement, une pétition (ci-contre) dénonçant la dégradation des conditions de vie dans le quartier a été lancée à l’attention du préfet, du commandant de police, du député et du maire de la cité castelle. Ce dernier a tenu à réagir à la situation  : « en cette rentrée, l’une des priorités sera de renforcer la lutte contre les atteintes à la tranquillité publique qui empoisonnent notre quotidien. On le sait, depuis quelque temps, la rue Carnot et la rue des Filoirs font l’objet de troubles à la tranquillité publique, générant beaucoup d’agacement légitime chez les riverains, les commerçants, les usagers, les élus. De façon visible, les patrouilles de la police nationale ont été renforcées ainsi que le dispositif de vidéoprotection géré par la Ville ou encore l’arrêté municipal interdisant la vente d’alcool après 22h. Et de façon moins visible, les policiers réalisent un important travail de surveillance pour permettre l’arrestation des délinquants. Le but est de casser les trafics qui sont à l’origine de ces troubles ». Dans la salle du 8 rue du Château, une réunion a été organisée le vendredi 30 août à l’initiative du sous-préfet, Stéphane Paccard, en présence de la directrice départementale de la police nationale de l’Aisne, Stéphanie Bella, du commandant de police, Tanguy Nuyttens, du chef de la police municipale, Thierry Blancheteau, du maire castel et de son adjointe à la sécurité, Chantal Bonneau. Une trentaine de commerçants étaient présents pour évoquer la hausse des incivilités, et certains d’entre eux ont pris la parole pour décrire ce qui se passe au quotidien et exprimer leur exaspération face à cette situation. Plusieurs solutions ont été envisagées et une nouvelle réunion est déjà envisagée d’ici la fin de l’année. Lors de son discours aux cérémonies d’anniversaire de la Libération, Sébastien Eugène a salué l’arrestation d’un des fauteurs de trouble dans le secteur. Il a également confirmé que la ville continuera de déployer la vidéoprotection et souligné que la police municipale dotée aujourd’hui de 8 agents voit l’arrivée d’un adjoint au chef et prévoit l’extension des horaires d’intervention. Enfin, il a relié la sécurité à l’urbanisme  : « les marchands de sommeil, qui sont parfois des notables de Château-Thierry ou du territoire ne nous facilitent pas la tâche » et la rénovation du centre-ville est l’une des solutions aux problèmes.