Entretien avec Michel Baroux
Né en août 1945 à Clermont dans l’Oise, Michel Baroux est une figure incontournable du paysage culturel et associatif du sud de l’Aisne. Président du célèbre festival Jean de La Fontaine depuis 1999, il œuvre depuis de nombreuses années pour l’accès à la culture pour tous. Rencontre avec un homme inspirant.
Son parcours professionnel
« Après avoir suivi une scolarité normale, j’ai intégré l’école des Mines de Paris près du jardin du Luxembourg à l’âge de 20 ans dans le domaine de la métallurgie d’élaboration. Le célèbre homme politique et économiste, Jacques Attali, faisait d’ailleurs partie de ma promotion. Après avoir obtenu mon diplôme, je suis rentré dans une entreprise spécialisée dans le domaine de la sidérurgie dans la région de Thionville (57) jusqu’en 1985. Puis, je suis arrivé à Château-Thierry à ce moment-là où j’ai pris la direction de l’entreprise de Setforge à Crézancy, acteur international multi-sectoriel spécialisé dans la forge et l’usinage. J’y suis resté jusqu’à ma retraite que j’ai prise en 2007. Tout au long de ces années, je me suis beaucoup investi dans mon travail ».
Ses diverses fonctions locales
« Parallèlement à mon activité professionnelle, j’ai occupé plusieurs fonctions locales. J’ai été président de l’UISA (Union Industrielle du Sud de l’Aisne) au début des années 1990 pendant quelques années. A l’époque, c’était plutôt une association, un club des chefs d’entreprises locales et il n’y avait pas cet aspect de formation pour les jeunes que l’on retrouve aujourd’hui. J’ai été également président de l’UPISA (Union Patronale des Industries du Sud de l’Aisne). Depuis 1992 et jusqu’à maintenant, je suis aussi membre du Rotary Club de Château-Thierry, dont j’ai été le président en 2009/2010. Ce qui m’a toujours motivé avec le Rotary, c’est le côté collectif de l’action. Enfin, en 2005, j’ai été à la tête du Conseil de Développement mis en place au sein de l’Union des Communautés de Communes du Sud de l’Aisne. Véritable conseil consultatif, c’était un lieu de débat et une force de proposition. Le Conseil de Développement se réunissait autour de 3 enjeux : le développement économique, la qualité de vie et la cohésion sociale, la notoriété et le rayonnement du territoire. D’ailleurs, c’est sous ma présidence que la Maison du Tourisme Les Portes de la Champagne de Château-Thierry a été créée. Actuellement, je fais toujours partie du comité de programmation de Leader du PETR-UCCSA ».
Son rapport avec Jean de La Fontaine
« Quand on habite à Château-Thierry, il est vraiment difficile de ne pas s’intéresser à Jean de La Fontaine. Très vite, j’ai constaté que cet auteur de génie n’était pas considéré à sa juste valeur ».
La naissance du festival
« Au début des années 1990, un certain nombre d’élus, de commerçants et d’habitants, dont je faisais partie, se sont réunis pour créer un festival dédié à Jean de La Fontaine pour lui rendre hommage autrement que par les fêtes à Jean. L’objectif culturel établi lors de la constitution de l’association s’énonce ainsi : Donner à connaître l’œuvre de La Fontaine et toutes les formes d’art et d’expression culturelle en rapport ou inspirées de son œuvre, des origines à nos jours. L’association a donc été créée à l’automne 1990 et la première édition s’est déroulée en 1991. De mon côté, en tant que président de l’UISA, j’ai eu un rôle de promoteur de la notion de mécénat. Au cours des premiers années, le festival a connu plusieurs présidents, jusqu’à mon élection en 1999 ».
Le projet artistique du festival
« Depuis la première édition, le programme du festival a toujours été pluridisciplinaire : musique, théâtre, danse, arts plastiques, musiques du monde. C’est l’esprit curieux de La Fontaine qui y invite, mais aussi le fait qu’à son époque les arts n’avaient pas les frontières qui leur collent aujourd’hui à la peau. Cependant, la musique reste la forme la plus présente, soit instrumentale, soit surtout vocale puisque le texte est au cœur de la programmation. Le festival est donc doublement original : d’une part, il évoque l’œuvre d’un monstre sacré de la littérature française, d’autre part, il est pluridisciplinaire. Pour tous ceux qui aiment classer les choses qui se ressemblent, il dérange un peu. Pour les esprits curieux, les honnêtes hommes et ceux qui aiment se situer, il apporte chaque année un éclairage intéressant et, semble-t-il unique, sur la manière dont le Grand Siècle est vu de nos jours. Aujourd’hui, le festival poursuit ses actions d’éducation artistique, de prise de risque artistique en proposant de nombreuses créations et de rencontre de jeunes talents ».
Le festival d’aujourd’hui et de demain
« Ces dernières années, le festival a été un peu chamboulé. Plusieurs éditions ont été annulées à cause du Covid notamment, et c’est en 2022 que nous avons décidé de mettre en place pour la première fois les Printanières et les Automnales, une formule qui a trouvé son public manifestement. Entre 2019 et 2024, le nombre de spectateurs a également baissé, passant de 5000 à 2000, tout comme les financements publics qui se sont davantage restreints. Aujourd’hui, nous devons relancer le festival et c’est pourquoi nous nous sommes rapprochés avec l’Ensemble Alia Mens qui est aujourd’hui en résidence sur le territoire jusqu’en 2027. L’idée est qu’il reprenne progressivement la main, mais les discussions continuent. Tout ce que je peux vous dire, c’est que je serai toujours président lors de la prochaine édition ».
Sa vision de la politique culturelle
« Malheureusement, la culture est une variable d’ajustement des politiques publiques et du budget des familles. Or, la culture, la création d’un commun culturel, les liens qui se nouent dans la vie associative sont les éléments mêmes qui nous constituent en société. Si on ne change pas de politique, les effets à long terme ne peuvent qu’être dévastateurs pour la cohésion sociale. »
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