Château-Thierry 2040, mode d’emploi
Le cœur de ville se rêve plus vert, plus accessible et plus habité.
Dans le cadre de l’initiative « Château-Thierry 2040 », la municipalité mène une vaste réflexion sur le devenir urbain de la ville, et notamment sur l’habitat en centre-ville (cf Autant 570).
Après une concertation publique lancée fin 2024, deux réunions ont été organisées : l’une au Palais des Rencontres sur l’urbanisme, l’autre à l’école des Filoirs sur les équipements publics. Malgré une volonté affichée de construire la ville de demain avec ses habitants, les idées neuves n’ont pas foisonné. À peine quelques suggestions émergent : ombrager les espaces sportifs, protéger les arbres ou encore réinvestir l’Hôtel-Dieu.
De nombreux habitants ont plutôt profité de l’occasion pour faire part de leurs doléances, avec parfois un soupçon de nostalgie et un brin de méfiance envers toute transformation à la parisienne.
Côté projets, plusieurs chantiers sont déjà engagés.
Le cœur historique, incarné par la Grande Rue, reste au centre des ambitions municipales. Sa requalification passe par une lutte active contre l’habitat insalubre, la remise sur le marché de logements vacants, qui représentent 17% du parc en hypercentre, la modernisation des façades et la refonte des rez-de-chaussée commerciaux. Des expropriations ciblées ont permis de faire reculer certains marchands de sommeil, dans une logique de justice sociale et de valorisation patrimoniale.
La rue piétonne sera également rénovée dans le prolongement des aménagements récents des places de l’Hôtel de ville et du Beau Richard. L’objectif : renforcer l’attractivité commerciale tout en préservant l’identité architecturale. L’ambition est claire : réconcilier patrimoine et confort de vie, densité et convivialité.
Dans un autre registre, la Ville compte bien faire du parc Saint-Joseph un futur emblème de la ville : détente, sport, nature… tous les ingrédients y sont. Une pump track — piste en boucle pour vélos et trottinettes — sera installée dès cette année. À terme, un large chemin traversera l’île d’un bout à l’autre. Il sera relié par une passerelle piétonne au Palais des Sports rénové, favorisant les mobilités douces et l’accès aux établissements scolaires de l’île. Sur la place Jean-Moulin, un parking silo est à l’étude pour désengorger le centre-ville tout en libérant de l’espace pour plus de végétalisation.
Du côté de la gare, les premiers coups de pioche ont déjà permis d’ouvrir la perspective : le mur du square Pierre-Sémard a été abaissé, reconnectant le jardin aux berges de la fausse Marne. Ce petit aménagement s’inscrit dans une dynamique plus large de mise en valeur de ce secteur en mal de verdure.
Mais tout ne se résume pas à des pelouses, des trottoirs refaits ou des façades ravalées.
Les bâtiments Belin, l’espace U1, l’îlot Desson ou encore la question — éternelle — du troisième pont restent en suspens. Autant de zones grises dans un tableau que l’on veut pourtant clair et ambitieux.
La démarche prospective n’est pas seulement affaire d’aménagements. Elle implique aussi une vision collective. C’est là que le bât blesse : lors des réunions publiques, la concertation s’est parfois transformée en catalogue de revendications, et certains thèmes, comme les chalets touristiques ou les bus trop rares le soir, ont volé la vedette à la réflexion long terme.
Le questionnaire en ligne, lancé en parallèle avec obligation de laisser ses coordonnées, devait pallier ce manque d’engagement. Reste à savoir combien de Castels auront pris le temps d’y répondre, et si les réponses permettront de dégager une vision d’ensemble sur quinze ans.
Une chose est certaine : les grandes lignes sont posées. Il s’agira désormais de traduire les ambitions en plans concrets, d’impliquer davantage les habitants et de rester à l’écoute des besoins du territoire. Et surtout, de ne pas perdre de vue que le mode d’emploi d’une ville ne se lit pas seulement à travers les plans d’architectes, mais aussi dans le quotidien de celles et ceux qui la font vivre.
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